Après un Championnat du monde qui a suscité quelques interrogations sportives et médiatiques, va venir à présent l’heure des remises en question.

Tout compétiteur de haut niveau le sait : il y a autant à apprendre d’une défaite que d’une victoire et même, parfois, bien plus. A ce titre, les multiples déceptions vécues par les uns et les autres lors des récents championnats du monde au Canada ne devraient pas manquer d’être, une fois chacun rentré au pays, disséquées, analysées et soumises à solutions.

Ce sont, bien sûr, les différents pays favoris qui vont se poser le plus de questions. Madagascar, qui venait à Desbiens pour défendre son titre, avait fait le choix, en écartant Tita, Nanou et Lova, de n’aligner qu’un seul de ses champions du monde. Dans une compétition où l’expérience compte bien plus que la valeur technique, aligner trois joueurs qui découvraient l’épreuve était une grosse prise de risque : la Grande Île l’a payée cash, et sa sévère défaite contre l’Allemagne devrait peser lourd sur les épaules de ses sélectionneurs.

La Thaïlande va devoir également se questionner. Si la qualité technique de son collectif de joueurs est indéniable, on peut s’interroger, après deux championnats du monde triplettes hors du dernier carré et des joueurs qu’on n’a pas vus en tournée sur le sol européen depuis bien longtemps, sur la qualité des modes de préparation de ce grand pays de la pétanque. Cette analyse peut d’ailleurs être appliquée à l’Asie en général, qui au vu de sa valeur, est la grande perdante de ces championnats du monde.

Tous ces pays vont faire ces mises à jour, car il est dans l’ADN même du monde sportif que de se remettre en question et d’aller de l’avant. C’est certain. On peut dès lors souhaiter qu’il en soit de même en ce qui concerne la FIPJP, qui tout en continuant à œuvrer pour que la pétanque entre aux Jeux Olympiques, va devoir, après des Mondiaux qui ont connu de nombreux couacs, balayer devant sa porte.

L’absence du Bénin (vice-champion du monde) par manque de visas, et le départ au dernier moment de certains pays d’Afrique pour la même raison, avait déjà jeté une ombre sur le début de l’épreuve.

Le choix d’une ville de mille habitants, dépourvue d’infrastructures sportives, pour organiser un championnat du monde faisait aussi craindre le pire. Ce ne fut pas le cas : grâce au dévouement et à la réactivité des bénévoles canadiens, l’organisation sur place semble avoir été à la hauteur. Mais de nos jours, un événement mondial ne concerne pas que ceux qui sont sur place : l’énorme point noir de Desbiens, un accès au réseau ridiculement faible qui condamnait à l’inaction plusieurs équipes de webTV (notamment celles des Fédérations françaises et belges), créait durant quatre jours une frustration constante chez les dizaines de milliers de passionnés qui, dans le monde entier tentaient de suivre les parties en direct.

Nos instances internationales doivent s’en souvenir, et intégrer les leçons de Desbiens, après le double désastre de la candidature de Tahiti, dans leur cahier des charges. A l’heure ou la FIPJP se tient, en attente du sésame olympique, une boule devant son oeil droit devant l’ensemble du monde sportif,  nul doute qu’elle gagnerait à ouvrir l’autre en grand.

Source: Boulistenaute du 18 septembre 2018.